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L’Opéra de Massy invite le ballet de l’Opéra de Rome

Stéphanie Nègre 7 décembre 2018
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© C Manoha

Le ballet de l’Opéra de Rome est dirigé depuis 2015 par la danseuse étoile de l’Opéra de Paris, Eleonora Abbagnato. Son projet est de donner une nouvelle dynamique à la compagnie notamment en l’ouvrant aux chorégraphes avec qui elle a travaillé à Paris comme William Forsythe, Jiri Kylian ou encore Roland Petit, son mentor. Pour sa venue à l’Opéra de Massy, elle a choisi de présenter un programme typiquement français rassemblant des œuvres d’Angelin Preljocaj et de Roland Petit.

Annonciation d’Angelin Preljocaj s’inspire de la scène de l’évangile où l’archange Gabriel annonce à Marie qu’elle va donner naissance au Christ. Le chorégraphe a imaginé une vierge traversée par l’angoisse et la révolte puis unie à l’archange dans un même mouvement vers son destin. Angelin Preljocaj fait passer une dimension magnétique entre les deux personnages, renforcée par les rythmes électroniques de Stéphane Roy qui se glissent entre deux extraits du Magnificat de Vivaldi. Giorgia Calenda et Federica Maine, solistes du ballet de Rome, se sont fondues dans la gestuelle de Preljocaj donnant ainsi à l’œuvre tout son côté percutant et mystique.

© C Manoha

Créé en 1993 pour le ballet de l’Opéra de Paris, Le Parc nous plonge dans le 18e de Marivaux et des Liaisons dangereuses, la grande époque du libertinage. Deux extraits en sont présentés ce soir. Le premier met en scène les jardiniers qui eux semblent tout droit sortis d’une bande dessinée futuriste, badinant avec l’héroïne, dansée par Eleonora Abbagnato. Le second, le final du ballet, montre le couple des héros cédant à l’amour. Eleonora Abbagnato reprend un rôle interprété de nombreuses fois sur la scène de l’Opéra de Paris. Avec son partenaire, le danseur étoile Claudio Cocino, ils nous entrainent dans un tourbillon amoureux, dans l’un des plus célèbres pas de deux de la danse contemporaine.

© C Manoha

La venue du ballet de Rome est l’occasion de redécouvrir des œuvres de Roland Petit devenues rares en France ces dernières années. Roland Petit a accompagné toute la carrière d’Eleonora Abbagnato ; il lui donna ses premiers rôles dès son entrée dans le corps de ballet et c’est sur sa version de Carmen, qu’elle fut nommée étoile en 2013. L’Arlésienne est l’histoire d’un jeune homme, Frédéri qui, éperdument amoureux d’une femme mystérieuse, sombre dans la folie et se suicide, le jour de ses noces. Sur le fond de scène, la reproduction d’une peinture de de Van Gogh nous amène en Provence. Wei Wang, danseur invité venu du Ballet de Berlin, semble perdu dans ce rôle sur la corde raide et montre peu la descente aux enfers psychologique du héros. Sara Loro quant à elle campe une jeune épousée pleine de fraicheur. Le corps de ballet s’approprie la gestuelle de Roland Petit avec conviction. Pourtant leur farandole qui ponctue le ballet révèle une certaine lourdeur dans la construction du ballet.

© C Manoha

La Rose malade est un pas de deux classique, sur une musique de Mahler et inspiré par un poème de William Blake. Eleonora Abbagnto y brille avec Giacomo Castellana, jeune soliste.

Créé en 1974, Proust ou les intermittences du cœur est une commande de l’Opéra de Paris. L’extrait présenté est le pas de deux masculin de la rencontre sulfureuse entre Robert de Saint Loup et Morel. Difficile d’apprécier ce morceau sorti de son contexte, mais l’élégance des deux danseurs Michele Satriano et Simone Agro est remarquable.

Pour finir, Cheek to cheek montre un autre aspect du talent de Roland Petit. Le chorégraphe rend hommage à Fred Astaire, à Hollywood et au jazz. Eleonora Abbagnato reprend le rôle créé pour Zizi Jeanmaire. En robe noire et talons aiguilles, l’étoile brille de sensualité et d’élégance dans ce court moment. Au final, les solistes de la soirée la rejoignent pour saluer, sur la musique endiablée d’Irving Berlin.

Stéphanie Nègre

 

 

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